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HOMMAGE 164 Avec l’aimable autorisation de Michael Auliso/Tribalmania Avec l’aimable autorisation de Michael Hamson Philip Goldman On se souvient de Philip Goldman comme d’un remarquable marchand d’art de Londres, spécialisé dans l’art de Nouvelle-Guinée et d’Asie. Bon nombre des objets qui passèrent entre ses mains sont aujourd'hui des pièces maîtresses d’importantes collections publiques et privées aux États-Unis et en Europe. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Philip se lança dans l’électronique. Il dirigea une petite entreprise avec sa femme Rosalind, mais c’est l’art exotique qui le fascinait. Quelques années plus tard, en 1957, l’entreprise américaine pour laquelle il travaillait à l’époque l’envoya en Nouvelle- Guinée. Ce fut le premier des nombreux voyages qu’il allait entreprendre au cours des douze années suivantes. Il remonta d’abord le Sepik afin de se fournir auprès des marchands de la région, mais explora ensuite la partie montagneuse du pays, se procurant quelques-uns des panneaux de porte les plus raffinés de la région de Telefomin, ainsi que les gravures typiques des montagnes Hunstein, avec leurs pointes incurvées. Même s’il s’intéressera plus tard à d’autres types d’art extra-européen, celui de Nouvelle-Guinée demeurera son préféré. En 1960, Jimmy McMullan de la galerie Obelisk, située sur Crawford Street à Londres, incita Philip et Rosalind à ouvrir une petite galerie au numéro 43 de George Street, près de Marylebone High Street, afin d’y vendre de l’art d’Afrique, de Mélanésie et d’Extrême-Orient. C’est là que j’ai rencontré Philip pour la première fois, en hiver 1961. La galerie était voisine d’un autre marchand d’art tribal, Herbert Rieser. Les affaires tournaient au ralenti, mais décollèrent lorsqu’ils emménagèrent huit ans plus tard sur Davies Street, à deux pas de Berkeley Square, non loin des galeries Berkeley de William Ohly. Des collectionneurs majeurs comme John Friede et les Sainsbury devinrent clients. Nous nous sommes tous beaucoup amusés aux fêtes estivales que les Goldman donnaient dans leur maison et son immense jardin à Finchley. En 1963, Philip fut envoyé au Nigeria par la multinationale américaine pour laquelle il officiait comme consultant, mais la guerre du Biafra mit fin à ces voyages. Il se rendit à Bornéo en 1970, un périple qui donna naissance à l’exposition Les cadeaux divins : sculpture dayak de Kalimantan en 1975. Elle était accompagnée d’un catalogue, tout comme l’avait été son exposition déterminante de 1971, Hunstein Korewori. Il a récemment cosigné le livre Tiger Rugs of Tibet. Malheureusement, nous ne savons pas à qui il acheta la splendide figure à crochets Korewori qu’il vendit à Bill Rubin, le directeur du MoMA (New York) à cette époque, et nous n’avons pas plus d’informations concernant la planche Malu qui figure actuellement dans la collection Gordon Sze. En fait, il ne subsiste aucune trace des transactions de la galerie. De retour d’un voyage en Nouvelle-Guinée en 1978, l’avion entra dans une zone de turbulences. Philip n’avait pas attaché sa ceinture, fut projeté dans les airs, puis percuta l’accoudoir. Même après de multiples opérations au dos, il ne s’en remit jamais et lors des décennies qui suivirent, la douleur fut permanente. La galerie ferma ses portes et Philip géra ses affaires sporadiquement depuis sa maison. Il décéda à l’âge de quatre-vingt-dix ans le 12 octobre de l’année dernière. Il laisse derrière lui Rosalind et deux fils. Sa contribution au domaine de l’art tribal est éternelle. Hermione Waterfield Marsha Stanoff À chaque fois que des visiteurs arrivaient chez eux à Tarzana, en Californie, Marsha et Saul Stanoff leur montraient toujours en premier le jardin situé dans l’arrière-cour. Ils ne commençaient pas par leur exceptionnelle collection d’art africain, océanien et précolombien, soigneusement et intelligemment bâtie durant près de soixante ans de mariage, mais bien par une orange, un citron, une mandarine ou un pamplemousse parfumé et fraîchement cueilli. « Prenez-en un peu plus, ici ! Ils pourriront, sinon ! Regardez celui-ci, là-haut ! Pouvez-vous l’atteindre ? » Ils précédaient leurs hôtes sur un chemin sinueux et impeccablement soigné, conçu et bâti de main de maître par Saul, à travers les citrus et les pommiers bordant la piscine. « La prochaine fois, apportez votre maillot de bain ! », insistaient-ils. Ceux qui ont eu la chance de connaître Marsha et Saul ont probablement considéré Saul comme l’instigateur de leur collection. Marsha était une épouse profondément dévouée et aimante, un rôle qu’elle appréciait vraiment. Elle se souciait énormément de ses enfants et petits-enfants, qui aimaient partager avec elle leurs rêves, leurs passions et leur vie. Cependant, en coulisse, Marsha participait autant que Saul à chaque décision relative à la collection. Elle faisait preuve d’une grande vivacité d’esprit et savait parfaitement juger la qualité esthétique ainsi que la personnalité des gens. Après la mort de Saul en 2005, Marsha demeura active, « se trimballant » (l’un de ses mots favoris) à Paris pour Parcours, à New York pour les ventes aux enchères d’art tribal, à Santa Fe pour les manifestations annuelles d’art tribal. « Je le fais pour Saul », disait-elle, perpétuant son souvenir et leur passion incomparable pour les oeuvres d’art inventives. Même seule, elle demeura au service de la vraie connaissance, apparemment en déclin, en matière d’art tribal. Victime d’une attaque au printemps dernier, Marsha fut exhortée par ses médecins à rester à l’hôpital, mais elle refusa, elle ne pouvait pas. À la fin du mois de mai, Marsha s’éteignit paisiblement chez elle, dans sa propre chambre, entourée de sa famille et de tendres souvenirs d’une vie pleinement vécue, se rappelant clairement son jardin rempli de citrus et de pommiers en fleurs. Fred Backlar


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