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MUSÉE à la Une PIERRE LOTI, L’AMBIGU EXOTIQUE Paris—Inauguré le 4 juin 2012 avec l’installation intitulée La dame du fleuve, l’Atelier Martine Aublet se présente comme un espace modulable d’expérimentation sur le plateau des collections du musée du quai Branly, destiné à accueillir jusqu’à trois installations par an de natures diverses 44 – accrochages photographiques, acquisitions récentes et réflexions d’artistes contemporains, entre autres – faisant écho à l’actualité du musée ou renvoyant à d’autres événements nationaux et internationaux. Après Plâtre ou pas ?, une réflexion sur le statut de la copie moulée, et Le rire, l’horreur et la mort consacré à une collection d’affiches de cinéma ghanéennes acquises en 2003 par le musée, c’est le portrait d’une personnalité singulière, celle de Pierre Loti – Julien Viaud de son vrai nom – qui est dressé du 25 juin au 29 septembre 2013. J’arrive, j’aime, je m’en vais. Pierre Loti, l’ambigu exotique est un hommage conçu par Claude Stéphani, conservateur des musées municipaux de Rochefort, à cet ambassadeur de l’exotisme en littérature de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, mais aussi officier de marine et dandy mondain cultivant l’extravagance et la fascination pour les cultures autres, rencontrées pour certaines au cours de voyages. L’installation est composée de documents d’archives, de photographies, de costumes et de toutes sortes d’objets personnels. Elle reflète une vision du monde fondée sur l’authenticité des civilisations et la perte de celle-ci, synonyme de mort, souvent accélérée par l’influence de la culture occidentale, selon l’avis que Pierre Loti, jeune aspirant, put se forger pendant son voyage à travers le Pacifique à bord de La Flore (1871-1872). LE RETOUR DES CHEMISES BLACKFOOT Oxford—Si l’exposition de petit format, Visiting with the Ancestors, The Blackfoot Shirts Project (Une visite aux ancêtres, le projet des chemises blackfoot), mérite une halte au Pitt-Rivers Museum du 7 mars au 1er septembre 2013, nous souhaitons parler ici du projet dont elle émane. En 2010, plusieurs chemises blackfoot, acquises en 1841 par Edward Hopkins lors de son passage au poste de commerce de fourrure de Fort Edmonton et intégrées aux collections du Pitt-Rivers Museum dès 1893, furent rapportées au Canada, le temps d’une étape en territoire blackfoot. Ce voyage avait pour objectif de présenter aux membres de cette communauté des objets traditionnels, auxquels ils n’avaient plus accès depuis longtemps, témoignant, notamment à travers leur riche ornementation, de l’identité et des croyances des Blackfoot. Plus de cinq cents artistes, spécialistes en rituels, enseignants et étu- À GAUCHE : Pierre Loti, Portrait d’Ariinoore Moetia, pour une édition illustrée. Collection Musée Pierre Loti © Ville de Rochefort. diants, entre autres, prirent part à des activités réalisées autour de ces chemises au cours desquelles ils purent examiner leurs techniques de création et débattre de leur signification, ces vêtements ayant été portés traditionnellement pendant les guerres et lors d’occasions particulières. Ce projet témoigne d’une volonté de collaboration entre les peuples et d’une prise de conscience de la responsabilité des musées occidentaux dans la préservation de la mémoire des cultures autres. Nous lui rendons hommage. À DROITE : Ramsès II (Sésostris) - Pierre Loti, carte postale. Collection Musée Pierre Loti © Ville de Rochefort. CI-DESSOUS : Jules Gervais Courtellemont, Pierre Loti en costume d’Osiris. 1887. Collection Musée Pierre Loti © Ville de Rochefort. CI-DESSOUS : Chemise avec des motifs de guerre peints, Blackfoot, Canada. Pitt Rivers Museum, inv. 1893.67.1. © Pitt Rivers Museum, University of Oxford.


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