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Chavín Aujourd’hui, il est certain que ce rôle de « mère » de toutes les cultures péruviennes a été ramené à de plus justes proportions par des recherches qui ont mis en évidence une série de centres, avant tout sur la côte, plus anciens et, peut-être, d’une importance analogue. En outre, il semble évident que le site a bénéficié de la construction en pierre de son architecture monumentale, qui a de fait bien mieux résisté aux ravages du temps que celle des sites en briques d’argile séchée au soleil (adobe en espagnol) de la côte, qui ont été réduits en poussière. On ne peut toutefois nier, malgré ces corrections apportées par la recherche, que Chavín de Huántar ait été le centre le plus important de réélaboration des traits culturels de la période formative, tant de ceux de la côte que de ceux de l’Amazonie toute proche, en arrivant à produire une synthèse originale qui, par de nombreux aspects, est devenue effectivement le patrimoine de nombreuses cultures postérieures. Un des exemples les plus éloquents de cet héritage est ce qu’il est convenu d’appeler le Dieu aux bâtons, dont dérivent aussi les dieux homonymes des cultures Huari et Tiahuanaco (500 - 900 apr. J.-C.) et, selon certains aussi, Ai Apaec (culture Moche — 100 av. J.-C. - 850 apr. J.-C.) et Illapa (culture inca 1440 - 1532). Obscure cependant demeure la manière dont Chavín de Huántar a exercé cette influence, étant donné qu’il n’existe pas d’indices que Chavín ait été la capitale d’un État qui dominait directement une grande partie de l’aire péruvienne. Mais il est certain, comme Antonio Vázquez de Espinosa en a eu l’intuition 2000 ans plus tard, que c’était un centre religieux d’une importance énorme. La preuve en est l’art qui s’y est développé et qui représente souvent des divinités, des chamans en voie de transformation, une série d’instruments liés à la transe et surtout, le San Pedro, un cactus hallucinogène. L’architecture en est aussi un bon exemple. En effet, celle-ci se caractérise par un système de galeries souterraines construites à l’intérieur du Temple Ancien – des espaces petits et fermés – dans lesquelles l’utilisation de torches pouvait provoquer une hypoxie cérébrale favorisant des visions analogues à celles de la transe, sans besoin d’ingestion de San Pedro. 77 FIG. 26 : Reconstitution en 3D des quatre côtés de l’Obélisque de Tello, conservé au Museo Nacional Chavín. Infographie : ArcTron 3D. FIG. 25 (PAGE PRECEDENTE) et 27 : Travaux de conservation des sculptures en pierre, Chavín, 2012. Photo © Gregor Frehner. Un projet de l’Office fédéral de la culture, du Museum Rietberg et du Ministerio de Cultura del Perú.


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