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69 vaste vue d’ensemble de l’art de Chavín de Huántar (900 - 200 av. J.-C.) ainsi que des autres cultures et des autres sites de la période formative moyenne et tardive (1200 à 200 av. J.-C.). Il s’agit de créations appartenant à des typologies très diverses : des sculptures sur pierre, des couronnes et des bijoux en or, des tissus, des colliers avec verroteries de turquoise, des os gravés, des coquilles de Strombus spp. utilisées comme trompes, et enfin, des vases à anse en étrier caractéristique conformes à une typologie que l’on va retrouver dans toutes les cultures du Pérou septentrional jusqu’à la Conquête. La présentation de ces oeuvres suit un parcours efficace et plaisant, parvenant à un équilibre entre l’expérience esthétique suscitée par la contemplation des pièces et la profusion d’explications nécessaires à la bonne compréhension du sujet. Dès la première salle, le visiteur est confronté au spectacle saisissant d’une série de pièces importantes offrant un panorama des cultures de la période formative de la côte nord, qui ont partagé les mêmes stylèmes artistiques et les mêmes strates culturelles de Chavín de Huántar. Parmi les pièces exposées, plusieurs oeuvres « uniques » rayonnent. Chacune d’elles vaut le voyage à Zurich : l’autosacrificateur du Museo de la Nación, le vase du Museo Larco figurant la dualité jaguar/homme, le vase du Metropolitan provenant de la collection Rockefeller dont la tête de jaguar est l’une des stylisations les plus extraordinaires jamais réalisées. La visite se poursuit par une section plus archéologique consacrée essentiellement à Kuntur Wasi, un site de la cordillère de Cajamarca, qui paraissait être d’une importance mineure jusqu’à ce que, en 1988, une mission archéologique japonaise découvre huit tombes renfermant une série de pièces surprenantes en or et en argent de grande qualité, dont les trois couronnes exposées aujourd’hui au Rietberg. La salle suivante présente deux tissus peints avec des motifs renvoyant à ceux de l’art de Chavín, ainsi qu’un panneau de Carhua de la Fundación Museo Amano avec des représentations du Dieu aux bâtons. Ces objets proviennent de la vallée d’Ica, sur la côte Sud, mais il est probable que leur origine se situe plutôt à Chavín de Huántar ou dans un autre site du Pérou septentrional. Les pièces exposées à la suite de ces textiles – des oeuvres retrouvées précisément à Chavín de Huántar au cours des fouilles dirigées par Tello et Lumbreras – permettent d’entrer véritablement dans le vif du sujet. C’est le triomphe de la pierre, avec les célèbres têtes-tenons, qui étaient imbriquées dans les parois du Temple Tardif, et les dalles gravées et sculptées en bas-relief représentant les divinités de Chavín ; mais c’est aussi le triomphe de la terre cuite noire typique, cuite dans une atmosphère réductrice, FIG. 6 : Vue rapprochée du site de Chavín de Huántar, Ier millénaire av. J.-C. © Museum Rietberg, photo : Peter Fux. FIG. 7 : Reconstitution schématique du temple de Chavín de Huántar, Ier millénaire av. J.-C. Infographie : Museum Rietberg et ArcTron 3D . laquelle présente parfois un aspect si lisse qu’on pourrait croire qu’elle est en pierre. L’exposition se termine par une dernière salle qui présente la culture Paracas, expression de la période formative de la côte Sud, et la culture Moche, qui, sur la côte Nord, supplanta les cultures de la période formative tout en empruntant plusieurs traits culturels à ces dernières. Avant cela, toutefois, on passe par une reconstruction petite, mais suggestive, des galeries souterraines construites à l’intérieur du Temple ancien qui menaient au Lanzón, une sculpture monolithique pointue et légère, haute de 4,53 mètres, véritable axis mundi, fichée dans le sol comme un poignard. À ce propos, il convient de dire que si, en général, les reconstructions et les répliques dans des expositions d’un certain niveau sont


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