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2 Éditorial Fidèle lectrice, depuis mes années d’étudiante à l’École du Louvre, de Tribal Art magazine – et des éditoriaux de mes prédécesseurs, excellents professionnels mais, surtout, véritables passionnés d’arts d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et des Amériques – je me retrouve aujourd’hui pour la première fois – et c’est un véritable honneur ! – face à l’exercice complexe, mais ô combien grisant, de présenter le résultat de plusieurs mois de travail d’équipe, de discussions avec les auteurs, de visites d’expositions et de lectures solitaires. Les plus de cent-trente pages qui composent ce volume, le premier à paraître depuis le départ de Françoise Barrier de la direction du magazine, pour lequel elle a travaillé avec un engagement sans faille pendant près de dix ans – Françoise, cette publication te doit beaucoup, nous ne l’oublierons pas ! – sont un hommage au rôle fondamental des expositions temporaires dans la promotion et la divulgation de l’art tribal. Aux nombreuses brèves évoquant de magnifiques expositions en cours ou à venir de par le monde s’ajoutent quatre chroniques d’événements majeurs. Quand bien même chacune s’intéresse à un continent différent – rares sont les occasions où autant de traditions artistiques diverses sont mise à l’honneur de façon simultanée pour le plaisir des amateurs ! – ces expositions répondent à une même volonté : questionner et faire évoluer ce que nous croyons savoir. C’est ainsi que, par exemple, Katsina dans la vie hopi, proposée par l’Autry National Center de Los Angeles, est une invitation à pénétrer l’univers et les valeurs ancestrales des Hopi à travers une reconstruction du cycle des festivités liées aux esprits katsinam élaborée à partir d’un discours émanant de membres de ce peuple d’Arizona. Le résultat, comme le suggèrent les auteurs de l’article s’y référant, est une expérience directe de la réalité hopi, nullement soumise à des conditionnements externes. Toujours sur le continent américain, quoique dans l’hémisphère opposé, se trouve le site de Chavín de Huántar (Pérou) auquel le Museum Rietberg consacre une exposition appelée à faire date présentant, entre autres aspects, le fruit des recherches menées sur le terrain par l’équipe du musée. Sur douze pages – un nombre conséquent que ce magazine accorde rarement à un article sur une exposition, ce qui est déjà un indice de son caractère exceptionnel –, l’américaniste Antonio Aimi vante les mérites de cette initiative et des chefs-d’oeuvre qui y figurent et rappelle, pour le bonheur du lecteur, l’importance de Chavín – souvent tenue pour la culture « mère » des civilisations andines – dans le développement historique et culturel du Pérou. À cette incursion dans le passé des Amériques succède une invitation à interroger l’art traditionnel d’Afrique et à se pencher sur la création contemporaine dans le domaine du design. Tel est l’esprit de Design en Afrique : s’asseoir, se coucher et rêver organisée par le Musée Dapper de Paris, un événement stimulant pour lequel nous vous proposons un compte rendu de visite. Enfin, place à l’Océanie avec l’article de Crispin Howarth qui, plus qu’une chronique de l’exposition qu’il accompagne – Kastom: Art of Vanuatu – est une synthèse remarquable sur le travail de collecte d’oeuvres d’art mené au Vanuatu, à la fin des années 1960, par l’ethnologue J.-M. Charpentier pour le compte du Commonwealth Arts Advisory Board, organisme consultatif en charge de la constitution des fonds de la National Gallery of Australia. Ces expositions présentées, Tribal Art ne serait pas un magazine de référence sans la publication, numéro après numéro, de dossiers de fond sur des sujets de recherches menés par de grands spécialistes. Ce printemps, ce sont les Vuvi et leurs masques qui vont être dévoilés à vous lecteurs, grâce aux enquêtes de Charlotte Grand-Dufay. L’historiographie de cette culture gabonaise encore fort méconnue et leurs sociétés masquées sont rigoureusement décrites dans un essai servi par une iconographie riche en oeuvres phare dont le souvenir restera gravé longtemps dans la rétine des amateurs les plus exigeants. Enfin, les lecteurs le remarqueront du premier coup d’oeil, les voix de nombreuses personnes interviewées résonnent dans cette édition. De Jean Paul Barbier-Mueller – avec qui nous nous sommes entretenus au sujet de la mise au enchères de sa collection d’art précolombien –, à Nicolas Garnier et Alisa LaGamma, lauréats du Prix international du Livre d’Art Tribal 2012, en passant par le photographe John Kenny, auteur des portraits d’hommes et femmes africains, et par Gordon Sze, collectionneur de pièces du Pacifique au goût exquis, les témoignages fusent, animés par une même passion pour l’homme et ses créations… Elena Martínez-Jacquet Notre couverture illustre un masque vuvi du Gabon. Donation M. et Mme Max J. Pincus / The Bridgeman Art Library. Detroit Institute of Art, inv. 81.913. Photo © Bridgeman/Detroit Institute of Art.


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