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Collection Barbier-Mueller 37 FIG. 2 : Statuette masculine, Olmèque, Mexique, env. 600 à 500 av. J.-C. Serpentine verte. H. : 10 cm. Musée Barbier-Mueller, inv. 501-4. © Musée Barbier-Mueller, photo studio Ferrazzini Bouchet. FIG. 3 : Petite effigie de singe, style mezcala, État de Guerrero, Mexique, env. 300 av. J.-C. à 100 apr. J.-C. Antigorite. H. : 3 cm. Musée Barbier-Mueller, inv. 505-9. © Musée Barbier-Mueller, photo studio Ferrazzini Bouchet. TRIBAL ART MAGAZINE : C’est une collection presque centenaire qui va être vendue en mars. Pouvez-vous nous retracer les circonstances de sa constitution ? Jean Paul Barbier-Mueller : C’est à mon beau-père, le célèbre Josef Mueller, que reviennent les premières acquisitions dans ce domaine autour de 1920, qu’il effectua auprès de Joseph Brummer avant que ce dernier ne quitte Paris pour s’installer à New York. En ce qui me concerne, j’ai fait mes classes dans l’art précolombien entre 1953 et 1957, avec des pièces que, curieusement, j’ai achetées en compagnie de mon beau-père. Cependant ma première acquisition importante ne se produisit qu’en 1976. Je me trouvais à Los Angeles avec ma femme quand arriva à mon hôtel une enveloppe contenant une série de photos d’un personnage olmèque provenant d’un marchand de New York. Je fus immédiatement séduit : cette oeuvre, il me la fallait absolument. Mais l’on en demandait, déjà en 1968, 180 000 dollars ! Bien entendu, je ne les avais pas. Aucun collectionneur au monde n’aurait eu cette somme en liquide, d’ailleurs... Heureusement, nous sommes arrivés à un accord avec son détenteur, et je pus repartir à Genève avec cette pièce majeure qui figura d’ailleurs par la suite, en 1977, dans l’exposition inaugurale du musée et dans le catalogue de l’événement. Par la suite, j’ai acheté régulièrement bien qu’à un rythme modéré, mes domaines de prédilection étant plutôt – comme vous le savez – les arts anciens d’Afrique et d’Océanie. À l’époque, le marché était assez mince : je me tournais vers des marchands américains et européens, tels Émile Deletaille, Edward Merrin, Alfred Stendahl, et fréquentais aussi les maisons de vente. T. A. M. : Qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’art précolombien ? Vous venez d’affirmer que votre véritable passion concerne plutôt les arts africains et océaniens... J. P. B.-M. : Il s’agit de sculptures ! J’ai toujours été sensible à une belle sculpture ! Et puis il y a aussi cette dimension historique indissociable de l’objet d’art précolombien, cette évocation de grandes civilisations aujourd’hui éteintes... Mais mes centres d’intérêt dans ce domaine ont beaucoup évolué pendant tout ce temps où je m’y suis penché. Au début, par exemple, j’aimais beaucoup l’art mezcala de l’État du Guerrero. Puis j’ai vite compris le caractère répétitif de cette production ; les oeuvres exceptionnelles y étaient rares, même si cela ne m’a pas empêché de trouver un petit singe en serpentine noire – certainement une amulette porte-bonheur à en croire la profondeur de sa patine d’usage – tout à fait étonnant !


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