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liés à la justice, pour la recherche de sorciers maléfiques, l’instruction après un crime, ou l’ordalie au poison d’épreuve comme chez les Punu. (Perrois et Grand-Dufay, 2005, n° 9, p. 104). Les masques vuvi bicolores sont peu nombreux. Celui de la collection des pères Spiritains, la collection Mortain (fig. 22), est intéressant car on peut le dater d’avant 1930 : il a le front coloré d’ocre rouge, le bas du visage d’ocre jaune avec des traces de kaolin et une coiffure en « pain de sucre » comme le masque noir de la même collection (fig. 23), ce qui est exceptionnel. Morphologie Les masques en forme d’écu au menton triangulaire sont les plus nombreux. De grande qualité, ils sont parmi les plus anciens. Ils peuvent avoir le bandeau de la coiffure arrondi ou légèrement rectiligne et les traits du visage concentrés dans la partie supérieure. Dans les années 1960 et 1970, les masques vuvi sont inconnus 104 en tant que tels. André Terrisse publia en 1965 un masque vuvi caractéristique de ce style avec parure, coiffe et barbe qu’il nomme « mpongwé » à l’instar de quatre autres masques blancs. De même, dans le premier numéro de sa revue consacrée aux arts d’Afrique noire, Raoul Lehuard publie le masque non identifié d’Isaac Païles (fig. 2) qu’il décrit au lecteur de la sorte : « Sculpté dans une écorce, le visage dont les éléments sont sommairement traités, couvert de traces d’argile blanche, s’inscrit dans un losange à l’extrémité supérieure arrondie. Sur le pourtour, des fibres nouées sont les vestiges de ce qui fut un habit ». (Lehuard, 1972, 46). Un autre groupe présente une face plus rectangulaire, qui n’est pas caractéristique des Vuvi. Certains masques fang ou aduma présentent également un bandeau ou un menton rectiligne. Toutefois, les masques vuvi de forme rectangulaire ont toujours une surface plane, un nez minuscule et une bouche ouverte. Enfin, il est possible de regrouper des masques de forme générale ovale, parmi lesquels se trouve « l’icône » des Vuvi, le masque de l’ancienne collection Hubert Goldet (fig. 8). Si les Vuvi partagent un même univers culturel avec les Tsogo et les Fang, leurs masques sont reconnaissables à leur face « presque plane » en forme d’écu, rectangulaire ou ovale et aux traits du visage concentrés dans la partie supérieure d’un style presque abstrait. Ces masques relèvent de l’esthétique bantu et relient le présent au passé mythique lors des liturgies initiatiques du Bwete où abonde « la forêt de symboles ». « Masques ! Ô Masques ! Masque noir masque rouge, vous masques blanc et noir (…) Vous distillez cet air d’éternité où je respire l’air de mes Pères ». Léopold Sédar Senghor, « Prière aux masques », extrait de « Chants d’ombre », OEuvre poétique, Paris, Seuil, 1956. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Isabelle Calvache, Danielle Dumon, Pierre Amrouche, Jean-Claude L’Herbette, aux collectionneurs ainsi qu’à Christian Stenersen pour son aide précieuse dans le travail minutieux de relecture. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés. FIG. 24 (CI-DESSUS) : Carrefour entre Mimongo et Iboundji, un masque vuvi et un masque gorille tsogo, Pierre Amrouche, 1977. Avec l’aimable autorisation de Pierre Amrouche. FIG. 25, 26 et 27 (PAGE SUIVANTE) : Masque vuvi dansant à Mimongo, Pierre Amrouche, 1976. Avec l’aimable autorisation de Pierre Amrouche.


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