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I-IVCoverF_CoverF Vuvi

100 FIG. 13 (CI-DESSOUS) : Masquette, Vuvi, Gabon. H. : 13,5 cm. Ex. coll. du peintre Marcel Gromaire. Photo © Sylvia Bataille. Avec l’aimable autorisation de la galerie Renaud Vanuxem, Paris. Une masquette semblable est conservée au musée d’ethnographie de Neuchâtel, inv. 92.10.38. PAGE SUIVANTE FIG. 14 : Masque, Vuvi, Gabon. Bois. H. : 32 cm. Provenance : Hans Himmelheber, 1938 ; Weyhe Gallery, New York, 1940 ; E. Loran, San Francisco, 1955. Collection W. + U. Horstmann. Photo © U. Horstmann. Publié dans Thompson et Vogel, 1990, p. 98, fig.16 ; Bassani et al., 2002, p. 122-123. FIG. 15 : Masque, Vuvi, Gabon. H. : 33,5 cm. Provenance : Merton Simpson, New York ; Victor J. Schenk, Baltimore. Collection privée. Avec l’aimable autorisation de Claes Gallery, Bruxelles. FIG. 16 : Masque, Vuvi, Gabon. Bois, fibres végétales et pigments. H. : 32 cm. Musée Dapper, inv. 4291. © Archives Musée Dapper – photo : Mario Carrieri. Publié dans Perrois, 1997, p. 127 ; Neyt, 1995, p. 151 ; Falgayrettes- Leveau, 2006, p. 34. FIG. 17 : Masque, Vuvi, Gabon. Bois et kaolin. H. : 32 c.m Ex. coll. : Halley, 1932. Collection musée des Confluences, Lyon, inv. 60004126. © Patrick Ageneau - Musée des Confluences / Département du Rhône. Publié dans Arts premiers d’Afrique noire : plastique et langage, 1982. DOSSIER dans la cour du village. Les séances publiques du Bwete étaient spectaculaires lors de la sortie des masques dans l’obscurité totale, annoncés par la corne, le tam-tam et la course des porteurs de flambeaux. Chez les Tsogo comme chez les Vuvi, des hommes se présentent sous l’aspect de travestis masqués anthropomorphes, recouverts de peaux d’animaux, de feuillages et de pagnes. Ils symbolisent les « morts glorieux», les anciens qui furent initiés au Bwete et qui résident au village de Kombé. Le voyage cosmique Certains masques représentent des entités mythico-légendaires tel le masque blanc figurant la lune. Le thème du masque blanc est celui de la « jeune fille morte », face blafarde et fantomatique d’un esprit ou d’un revenant, dont la froide beauté est parfois associée à celle de la lune » (Sallée, 1975, p. 88). Chez les Tsogo, comme chez les Vuvi, lors du Bwete Disumba seulement, le masque blanc est toujours accompagné d’un masque rouge symbolisant Kombé, le soleil (Gollnhofer, 1974, p. 158). Kombé est le principe mâle, propriétaire du « village des morts » où se trouve Ngondé, la lune, principe femelle, ainsi que les étoiles, Minanga, enfants de Kombé et Ngondé. À ces trois entités s’ajoute Ngadi (la foudre). Cette triade cosmique, d’origine ancienne, se retrouve dans toute l’aire culturelle de l’Ogooué-Congo. L’humaniste Filippo Pigafetta écrivait dans sa description du Congo, à la fin du XVIe siècle, à propos des peuples de la côte : « Ils adorent ce qu’il leur plaît d’adorer, tenant pour dieu principal le soleil, élément mâle, et la lune, élément femelle. » (Gaulme, 1999, p. 289). En 1905, le père H. Trilles, cité par Mgr A. Le Roy dans ses contes fang, raconte que « le Soleil et la Lune, au commencement, étaient mariés : les Étoiles sont leurs enfants. Ils se nourrissent de feu, et c’est pourquoi ils brillent… Or, une fois, la Lune, inconstante, déserta le foyer conjugal. Dès que le Soleil s’en aperçut, il entra dans une si violente colère que les Étoiles, effrayées, s’enfuirent de tous côtés dans le ciel… Et depuis, inlassablement, le Soleil court éperdument après sa famille. Mais celle-ci, sitôt qu’elle le voit paraître à l’horizon, se hâte de se cacher dans les cases de là-haut. … À peine a-t-il disparu, que vous voyez la Lune se montrer, tantôt ici, tantôt là. » (Mgr A. Le Roy, 1909, p. 76). L’épopée de Bitola est « un des fleurons de la tradition orale povée … un mythe solaire » également. Elle raconte l’histoire de la petite famille constituée autour de Nzambé, sa femme Bwanga et leur fils Bitola : « Le modèle de la famille céleste formée autour du soleil, de la lune et des étoiles. Il convient d’ailleurs de rappeler que dans un passé lointain, le soleil était également appelé Nzémbo, vocable phonétiquement proche de Nzambé. » Bitola a cette particularité de se nourrir uniquement de feu et « de braises ardentes. Comme tel, il évoque le feu, un élément consubstantiel au soleil dont il est alors le fils. » (N’zenguet-Lola, 2005, p. 12- 13). Chez les Tsogo, Nzambé est « la référence commune de tous ces contes, c’est Nzambé, le héros civilisateur, Nzambé dans sa dualité, premier ancêtre reflet de la Divinité. » (Sallée, 1975, p. 110). Le Mweli Pour être initié au Bwete Disumba chez les Vuvi, il faut avoir été initié au préalable au Mweli (Mouiri), surnommé aussi « Prince de la terre » par Mgr Le Roy (Mgr Le Roy, 1905, p. 168) et au Bodi, deux autres sociétés initiatiques qui constituent des réseaux d’intégration et de coercition sociale. La tradition apindji raconte que le Mweli, société secrète masculine, a été inventé aussi par des Apindji et c’est seulement par la suite qu’avec le Bwete ces deux sociétés d’initiation se sont répandues chez les autres peuples de la Ngounié. (Grand-Dufay, 2010, p. 54). Le Mweli a un rôle de régulation des activités humaines et de gestion des écosystèmes villageois et forestiers. Il partage de nombreux traits communs (fonction sociale, rites de passage, mythe) avec d’autres sociétés initiatiques comme le Mongala (groupe kota-kele), le Yasi (Galwa), le Ngil (Fang) ou le Ndjobi (Haut-Ogooué) (Bonhomme, 2005, p. 161). L’initiation est obligatoire après la circoncision des garçons au cours de laquelle certains masques sont utilisés. Pendant une période de réclusion et de brimades qui dure de deux à trois mois, le garçon apprend le savoir de base à tout être humain, le rôle de chef de famille et les techniques d’exploitation de la forêt. Les scarifications de trois traits parallèles qui marquent l’appartenance au Mweli sont effectuées au poignet et ornent les joues et le front de certains masques vuvi. « C’est le masque pové qui enseigne comment garder les secrets de l’origine de la vie, de la signification du sperme, source ou origine de la vie ». (Kialo, 2005, p. 31). Ces masques sont généralement bicolores. LE CORPUS DES MASQUES VUVI La présente étude sur les masques vuvi est loin d’être exhaustive mais propose une synthèse réalisée à partir d’un corpus d’une cinquantaine de masques issus de grandes collections muséales et privées. Les masques vuvi sont peu nombreux, difficiles à dater pour la majorité. La plupart ont été collectés autour des années 1930. L’existence de traits


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