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I-IVCoverF_CoverF Vuvi

DOSSIER Rigobert N’zenguet-Lola, auteur de Bitola : épopée bantu (2005) sur le mythe fondateur des Pové, définit comme suit, dans son livre Au coeur des mots bantu. La dénomination chez les Pové, l’ethnonyme pové : « Population, communauté 98 d’individus. » (2009, p. 103). Si les termes pové, puvi et pubi sont bien des appellations employées par la littérature historique depuis le XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, le terme vuvi est plutôt utilisé dans le vocabulaire artistique en France et ce, dès 1967, par Michel Leiris et Jacqueline Delange (Afrique noire la création plastique, p. 329). Il est employé aux États-Unis et souvent suivi de l’ethnonyme muhunzu au Gabon, notamment dans Les chefs-d’oeuvre de l’art gabonais au musée des arts et traditions de Libreville en 1986. Dans le catalogue de l’exposition sur les masques du Gabon qui s’est tenue en France à Mantes-la-Jolie, on peut lire : « En langue pové, le terme muhunzu désigne le premier homme, l’ancêtre géniteur du groupe. » (Dubreuil, 2008, p. 36). LE MASQUE, L’APANAGE DE SOCIÉTÉS INITIATIQUES Le Bwete Disumba Ce sont les Babongo ou Pygmées, petits hommes de la forêt, qui ont transmis aux Apindji ou aux Tsogo le Bwete, une « religion » tribale, qui repose sur le culte des ancêtres et qui fut adopté par toutes les ethnies du Gabon. Le mot Bwete est un nom générique désignant une pratique complexe comprenant un aspect folklorique, comportant des réunions de danse, et un aspect mystique qui concerne les cérémonies religieuses de la société secrète portant ce même nom. (Swiderski, 1965, p. 544). Il possède plusieurs branches (Disumba, Ndea ainsi que Misoko), des sous-branches et a une « quadruple fonction de coordination : disciplinaire, religieuse, éducative et culturelle » (Swiderski, 1975, p. 123). Il consiste en la formation des jeunes gens par des hommes d’expérience pendant une période de six mois, par le biais d’une « série d’instructions portant sur les principes éthiques, la religion et la discipline de la tribu » liée à des exercices physiques et des épreuves morales dans le but de perpétuer la tradition. Le Bwete se déroule en partie dans l’ebandza, temple rituel au village, et au nzimbe, lieu de réunions secrètes dans la forêt. Le premier rite de passage obligatoire, appelé Bwete Disumba ou Bwete classique, consiste en la manducation des écorces râpées des racines de l’arbuste eboga (Tabernanthe iboga) surnommé « bois sacré » et « bois amer », qui entraîne un état de destructuration temporaire de la conscience habituelle, des visions, et permet le contact avec l’au-delà, les premiers ancêtres et la triade cosmique (Kombé, le soleil, Ngonde, la lune et Minanga, les étoiles). Dans le temple, les banzi, candidats au Bwete, assis sur une natte, entendent résonner la harpe et la tringle sonore ainsi que la voix de Kombé qui se manifeste par l’intermédiaire d’un mirliton : ils appellent l’un après l’autre le Bwete. Ils subissent une mort symbolique évoquant le sacrifice originel de Dinzona, première femme de Kombé rivale de Ngondé, la lune, sa seconde épouse. Dinzona, qui était d’une lumineuse beauté, fut chassée du village des ancêtres et condamnée à descendre sur terre. Elle migra sur le motombi (copalier à écorce rouge), arbre de vie des Tsogo à deux racines, la gauche appartenant à Dinzona et la droite à Kombé (Gollnhofer et Sillans, 1979, p. 169). Elle se réincarna dans la harpe à huit cordes ngombi, colorée de rouge en bois de padouk, et occupe une place centrale dans le culte du Bwete (Metropolitan Museum of Art, New York, n° inv. 1981.123). Les femmes, qui ne peuvent être initiées au Bwete Disumba, sont conviées à assister de nuit au spectacle public FIG. 11 : « Masques du Haut-Ogooué », Fernand Grébert, 1913-1932. © Musée d’ethnographie de Genève. Le masque à la barbe colorée de rouge au centre et celui en bas à droite orné de plumes bleues sont de type vuvi. PAGE SUIVANTE FIG. 12 : Masque, Vuvi, Gabon. Avant 1930. H. : 32 cm. Provenance : Alain Lecomte. Collection Jean-Claude L’Herbette. Photo © Hughes Dubois.


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